dimanche 23 octobre 2016

Des Passerelles


A Villetaneuse, à Nanterre ou Cergy,  entre Bobigny et Noisy le Sec, entre Aubervilliers et Paris, Créteil et Valenton, des passerelles se déploient dans nos territoires, pour nous faire passer d’une rive à l’autre, enjamber un obstacle, parfaire un nouveau quartier, pour raccourcir un trajet, raccommoder deux bords qui s’ignoraient.
Pour « pouvoir aller de l’autre côté », beaucoup ont récemment été construites, accompagnant les rénovations urbaines de circulations douces, dépassant leur seule fonctionnalité par un geste architectural esthétique et moderne.

 « Objet » urbain par excellence, les passerelles accommodent quartiers et banlieues de formes élégantes, proposent leur légèreté stable et ancrée pour braver les flux qu’elles survolent.

 Pas d’images ici des passerelles parisiennes récentes (Simone de Beauvoir, Leopold Sedar Senghor), superbes, illustres et archétypales, mais un choix personnel, représentation d’ouvrages plus confidentiels, en banlieue, installations souvent très récentes (Bobigny, Villetaneuse, Créteil, Aubervilliers) ou plus anciennes (Cergy, Nanterre).



















mardi 13 septembre 2016

Les Indes, La Suède et la Finlande.. à Courbevoie


L’exposition universelle de 1878 à Paris n’est certes pas celle dont nous avons gardé le plus de traces, sauvegardé le plus d’œuvres.

A Courbevoie pourtant, dans le quartier de Bécon Les Bruyères, se nichent deux pavillons d’époque partiellement préservés : celui de Indes et celui de la Suède et de la Finlande.


De part et d’autre d’un ancien parc privé devenu public, ils ont été adossés à des bâtiments construits sur place, chacun dédié à l’art, auxquels ils confèrent d’étranges airs exotiques et décalés dans une banlieue chic et tranquille. Une pause urbaine insolite dans une rue dont l’horizon pas lointain bute sur les tours de La Défense.



Tous deux en bois, c’est celui des Indes qui étonne le plus, car il est le plus visible et le plus remarquable avec ses bulbes dorés, ses hautes verrières et sa sombre couleur exotique.

La visite sur place nous apprend que des Indes ce pavillon n’a que le nom : les successives péripéties de ses démolitions, reconstructions, réhabilitations en ont rajoutés à sa réalité initiale : ce pavillon a été construit sur l’idée que ses concepteurs anglais se faisaient des Indes, pas sur ce qu’étaient les Indes de l’époque…

Reste aujourd’hui donc une magnifique relique parfaitement restaurée, une partie seulement du pavillon initial qui était beaucoup plus grands et a été revendu à la découpe (!), aménagée intérieurement par ses acquéreurs riches bourgeois pétris d’art.














Le Pavillon de la Suède et de la Finlande, lui, ne perturbe pas le paysage urbain !

Adossé au musée Roybet, il n’est pratiquement pas visible du parc et ne se découvre qu’avec un peu de curiosité, au détour d’un anormal pignon.

Contrairement à son voisin des Indes, il a peu subi de transformation ; il est aussi très bien entretenu et le solide bois dont il est constitué a certainement participé de sa préservation. La visite du musée Roybet permet aussi d’y pénétrer.


dimanche 17 juillet 2016

La petite maison dans la cité


La petite bibliothèque ronde est située à Clamart au milieu de la cité populaire de La Plaine, au petit Clamart. Le bâtiment construit en 1965 est classé monument historique depuis 2009.

Il est l’œuvre d’un collectif d’architecture (« l’atelier de Montrouge ») qui œuvrait dans les années 60, et dont a fait partie entre autres l’architecte Jean Renaudie, très connu pour être l’auteur du centre-ville d’Ivry sur Seine.

La petite bibliothèque ronde est plus spécifiquement l’œuvre de Gérard Thurnauer, à qui l’on doit entre autres, le grand programme de la Villette Nord devant la Cité des Sciences.

Caractéristique de l’architecture du 20e siècle, la petite bibliothèque est également mondialement connue pour le projet culturel et éducatif qu’elle abrite depuis sa naissance : une bibliothèque pour les enfants, ouverte sur le monde, à laquelle se réfèreront des bibliothécaires et éducateurs du monde entier.

Harmonieux bâtiment constitué de cylindres et de disques de bétons bruts juxtaposés, la petite bibliothèque est accessible de plain-pied. De hauteur modeste, elle est close par une ceinture circulaire de béton originellement visible ; une ceinture végétale l’isole maintenant partiellement des bâtiments des cités alentours.

Bien que toujours en activité, cet ilot de verdure et de béton donne aujourd’hui un sentiment de solitude, voire d’abandon, renforcé par la décrépitude des bétons nus, l’usure des huisseries, l’insécurité visible des locaux, la non affirmation de ses spécificités architecturales. Comme pour beaucoup de bâtiments de cette époque, rien n’a été fait semble-t-il pour préserver, au-delà de leurs fonctions, leur identité artistique certes datée, et dont la beauté ne semble pas apparaitre clairement au grand public, et pour cause.

Le combat très récent de l’association gérant la bibliothèque contre la mairie de Clamart est sans doute caractéristique d’une inquiétude de la disparition. Pour des raisons de travaux de désamiantage, la municipalité souhaite en effet que les activités de la Petite Bibliothèque déménagent dans un autre local, pour une période indéfinie…



Fin d’une époque ou pas, le bâtiment lui-même ne disparaitra pas.

Pour son originalité et sa douceur, il mérite une promenade près de la porte de Trivaux…



Pour en savoir plus :

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Petite_Biblioth%C3%A8que_ronde (voir les belles photos de l’intérieur du bâtiment, par Adrian Koss)













dimanche 3 juillet 2016

Stupéfaction Place de Clichy

Scène inoubliable ce Lundi 13 Juin 2016.
Les quais de la station de métro Place de Clichy sur la ligne 13, direction Saint Denis, sont bondés.
Les supporters des équipes d'Irlande et de Suède se côtoient en attendant la prochaine rame qui les conduira peut-être (si elle n'est pas trop pleine) au stade de France, où leurs équipes vont s'affronter.
Ambiance bruyante mais bon enfant; les packs de bière ont envahi les trottoirs, les poubelles débordent (il est 16h) mais il n'y a ni Russe, ni Anglais.

Les supporters Suèdois, largement minoritaires, cherchent à se faire remarquer.
Quoi de mieux que d'entonner, à gorge déployée, le refrain de "Dancing Queen", d'ABBA,  Et oui, tout le monde connait. Et plus facile que de faire une lecture d'Henning Mankell ou de monter un meuble IKEA.

Les Irlandais aussi connaissent: il reprennent en choeur, embarquant les Suèdois dans une chorale disco- pop hallucinée et virile, dans cette cathédrale urbaine dont la voûte n'a pas été exactement conçue pour l’acoustique musicale.
Mes voisins et moi, sur le quai d'en face (et oui, nous attendons longtemps car la ligne est perturbée ce jour, tu m'étonnes), sommes médusés: ce spectacle incongru, assourdissant, improbable nous sidère; si nos oreilles souffrent, nos regards échangés expriment toutefois une concorde silencieuse: quelle chance nous avons d'être là, pendant ces quelques minutes de bonheur inattendu et improvisé....